occupation : 1. consacrer son temps à quelque chose
occupation : 2. prendre possession d’un lieu
L’exposition finale des étudiants 2009 nous laissait avec la double nature de l’occupation : une forme d’usage et une forme d’espace. Nous développerons cette année cette deuxième forme d’occupation, l’appropriation d’un lieu, en questionnant la nature de ces lieux «à occuper».
Les occupants d’un lieu défient l’autorité et l’accaparent de façon légale ou illégale : les manifestants devant l’Hôtel de ville, sur la place publique ou sur la rue; les squatters dans des immeubles désaffectés; les romanichels sur des terrains vagues. La propriété est contestée momentanément. La propriété mise à mal mène directement à une deuxième notion, la ségrégation. S’il y a propriété, il y a limite. La ville s’est construite par la formation d’une série de limites et par une ségrégation d’usages, codifiée sous la forme de zonage. Le zonage isole l’agriculture, le commerce, l’industrie, l’habitation qui sont complètement séparés, en contact que sur la ligne d’une limite, la plupart du temps, infranchissable. Si un usage est inopérant à un moment de la journée, d’une semaine ou d’une saison, l’espace est mort. Cette conception de la ville nécessite une utilisation intense et inefficace du territoire et favorise l’étalement humain. Il n’y a pas d’intensité d’usage. Les disciplines qui façonnent l’espace urbain – architecture, urbanisme, paysage – ne sont pas particulièrement à l’aise avec la notion temporelle. Ce sont des disciplines essentiellement spatiales, alors qu’au niveau de l’urbanité, la temporalité joue un rôle essentiel. Comprendre cet état de choses peut nous aider à ré-imaginer l’espace public. L’urbanisme contemporain favorise maintenant une densité urbaine, donc une densité spatiale. Nous explorerons plutôt l’intensité urbaine, la densité temporelle.
Nous nous intéresserons donc à l’intensification des usages, à ces lieux qui sont a priori «non-occupables» parce que ces lieux qui ont déjà un usage défini (mais dont l’usage laisse une plage temporelle d’exploitation) ou parce que l’usage reste indéfini et difficilement appropriable (les espaces résiduels des infrastructures routière par exemple). L’atelier se concentrera justement sur ces lieux dont la propriété est ambiguë ou dont l’usage est momentané, les lieux «à occuper» et les moments «à occuper», des espaces et des moments vides d’usages — espace mort et temps mort. Les occupations qui en découleront participeront à une intensification spatiale et temporelle. Conséquemment, contrairement aux an nées précédentes, le lieu précède le projet, ou plutôt le lieu informe le projet.